domingo, 1 de outubro de 2006

Textos (VII)

Et quand la loi ne protège plus?

Les lois, faites pour le bonheur de tous, ne seraient observées par aucun, si les magistrats n'étaient armés de la puissance nécessaire pour en assurer l'exécution. Sans cette puissance, les lois, violées par le plus grand nombre, seraient avec justice enfreintes par chaque particulier, parce que les lois n'ayant que l'utilité publique pour fondement, sitôt que, par une infraction générale, ces lois deviennent inutiles, dès lors elles sont nulles, et cessent d'être des lois ; chacun rentre en ses premiers droits ; chacun ne prend conseil que de son intérêt particulier, qui lui défend avec raison d'observer des lois qui deviendraient préjudiciables à celui qui en serait l'observateur unique. Et c'est pourquoi, si, pour la sûreté des grandes routes, on eût défendu d'y marcher avec des armes, et que, faute de maréchaussée, les grands chemins fussent infestés de voleurs ; que cette loi, par conséquent, n'eût point rempli son objet ; je dis qu'un homme pourrait non seulement y voyager avec des armes et violer cette convention ou cette loi sans injustice, mais qu'il ne pourrait même l'observer sans folie.

Claude Adrien Helvétius (français, 1715-1771) (*)

De l'esprit (1758), Discours III, chap. IV.

(*) Matérialiste, critique le pouvoir des prêtres et de l'Eglise. Analyse l’amour-propre et l'intérêt comme des moteurs essentiels de l'action humaine. Animateur, avec sa femme, d'un salon dans lequel se rencontrent les penseurs majeurs de l'époque. Se propose de réaliser individuellement et collectivement le bonheur des hommes.

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